UN VELOT’


On pense à un genre de charme ou de sort positif, jeté à un être aimé, à fin de résolution, de pacte, de scellement, de justes noces où l’on convole.

Il convenait aux jours fastes du printemps, de favoriser quelques accointances. Le velot’ était réputé le plus sûr moyen d’y parvenir. Il était confectionné avec des branches de châtaignier et des fibres de carex ; cette plante chevelue des marais. De complexes torsades vitalisées et de la glue, obtenue de l’écorce de bouleau, permettaient à d’éminents spécialistes de fabriquer ces objets munificents.

Alors l’enamouré y plaçait son plus beau galet. Le fringant galant emportait le vélot’ sur une colline, l’imprégnait de myosotis et de boutons d’or, le baisait tendrement du bout des lèvres et le lançait dans la direction probable de son aimée. Si celle-ci le recevait dans les 3 jours, elle devait se baigner, puis entreprendre des séries de danses facilement qualifiées de lascives, en se roulant sur le sol. Les enfants ne devaient pas y assister sous peine de graves sanctions. La belle entendait des chants intérieurs quand elle collait son oreille sur la partie lisse du galet. Elle apprenait la date et le lieu du rendez-vous. Elle voyait aussi l’image de l’expéditeur dans son cerveau. Elle lui susurrait de tendres qualitatifs et elle pensait que la vie avait de bons côtés. Elle devait emporter le velot’ dans une fontaine ad hoc où il fondait en quelques heures.

Ceci est la seule représentation du velot’ conservée et connue.
Velot’ peut également s’écrire avec un E surtout en pays de Léon et en Bigoudénie où l’on n’est pas économe de voyelle.

A bon entendeur.


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Ronan Suignard